Marchés de l’art et crise Covid : quel panorama à l’automne 2020 ?
2020, année noire pour les marchés de l’art
2020 marquera les annales des marchés de l'art. Une année pendant laquelle la quasi-totalité des grandes foires commerciales ont été annulées ; une année pendant laquelle plus de 90% des musées, des galeries et des maisons de ventes ont clos leurs portes, pendant une durée de deux à trois mois, selon les lieux et les institutions. Le résultat est une chute vertigineuse des ventes au deuxième trimestre pour la plupart des opérateurs, de l'ordre 50% à 75% par rapport à la même période l'an dernier. Cette contraction commerciale crée des tensions de trésorerie chez de nombreux acteurs du monde de l'art, dans le secteur non marchand (en particulier les musées dont les recettes dépendent le plus de la fréquentation) mais aussi, dans le secteur marchand. Les foires commerciales ont tour à tour reportées puis annulées et la « reine » des foires d'art contemporain, Art Basel, a changé de contrôle au mois de juillet. En France, jusqu'à un tiers des galeries verraient leur existence menacée, selon Marion Papillon, présidente du Comité Professionnel des galeries d'art. Les maisons d'enchères ont également ajusté leurs effectifs, coûts de structure et de fonctionnement, car elles n’ont pas échappé pas à la tourmente et ont vu près de la moitié du chiffre d'affaires réalisé en ventes publiques s'évaporer sur le premier semestre, une tendance néanmoins partiellement compensée par le développement des ventes de gré à gré et de l'activité « en ligne ».
Innover pour subsister
De fait, comme dans bon nombre d'autres secteurs de l'économie et de la société, les marchés de l'art enregistrent une formidable accélération de la bascule digitale, qui se traduit par l'explosion des « viewing rooms », répliques virtuelles des galeries et foires, dans lesquelles les visiteurs peuvent non seulement se mouvoir depuis leurs ordinateurs, mais ont également la possibilité de zoomer dans les œuvres et d'interagir à distance avec les marchands. Certaines maisons d'enchères vont un cran plus loin dans l'innovation, proposant des enchères publiques entièrement automatisées (« en ligne uniquement »), dont les volumes de ventes o plus que quadruplé au premier semestre 2020 (chiffres agrégés Sotheby's, Christie's et Phillips). Les maisons de ventes ont encore innové au mois de juin, lorsque Sotheby's a propos la première vente aux enchères relais « hybride et globale » : un événement alignant la puissance de feu de ses salles de Hong Kong, Londres et New York, intervenant l'une après l'autre dans une vente marathon, animé en ligne à la manière d'un show télévisé grand spectacle. Christie's a emboîté le pas le 10 juillet avec sa vente globale « One », et les deux maisons ont réalisé au total près de 800 millions de dollars de chiffres d'affaires.
Une demande résiliente
Ces chiffres témoignent de l’appétit persistant des collectionneurs, bien réel dès les mois de juin et juillet. Il s’est notamment matérialisé par des records de prix ou encore, entre autres exemples, par le succès de la Foire Art Paris à la rentrée. Toutefois, les rebondissements de la crise sanitaire au mois de septembre ont conduit à de nouvelles annulations des foires physiques de l'automne 2020 (Fiac Paris et Frieze Londres en octobre, Paris Photo en novembre, Art Basel Miami en décembre, Brafa Bruxelles en janvier 2021), tandis que les éditions 2021 de Tetaf, Armory Show et Art Basel Basel seront reportées de plusieurs mois.
Quelles perspectives ?
Dans ce contexte éminemment volatil, les prix des actifs de qualité semblent bien résister pour le moment, même si l’horizon d’une reprise générale des ventes s’éloigne à nouveau pour se déporter vers 2021, en raison du récent durcissement des contraintes sanitaires, des multiples annulations ou reports de foires, ainsi que d’un nouveau coup d’arrêt aux ventes en salles d’enchères physiques, qui marquent cette fin d’année. Au total, on peut donc tabler sur une forte contraction des volumes globaux de transactions en 2020, probablement comparable aux -35 à - 40% enregistrés en 2009 dans le prolongement de la crise financière. Cela étant dit, pour mémoire, dès 2010, le rebond d’activité avait été particulièrement vif, soutenu par l’appétit des collectionneurs. Cette référence au précédent cycle de 2008-2010 conduit aujourd’hui de nombreux analystes à tabler sur un profil de reprise similaire, dès lors que la crise sanitaire aura été jugulée. En attendant, si de bonnes affaires sont toujours possibles dans des contextes de marché fluctuants, les acheteurs gagneront à être plus attentifs que jamais à la qualité, à l’état de conservation et à l’authenticité des œuvres qui leur sont proposées, a fortiori lorsque les transactions sont réalisées à distance. Par ailleurs, cette période de calme relatif pourra être mise à profit par les propriétaires d’objets de collection pour mettre en place ou actualiser leurs inventaires, de manière à vérifier la pertinence des valeurs retenues dans le contexte de projets de donations ou encore pour le calcul de leurs primes d’assurances.
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