Weekly Update - Etats-Unis : des anticipations de récession prématurées
L’économie américaine n’a pas échappé à la dégradation des perspectives économiques au cours des derniers mois. En effet, dans une économie qui présente des tensions inflationnistes généralisées avec un marché du travail visiblement en tension, la Réserve fédérale a commencé un cycle de resserrement monétaire rapide, avec au moins 200pb de hausse de taux entre mars et septembre. Cette politique s’est déjà traduite par un important resserrement des conditions financières qui pèsera sur la dynamique de croissance, avec notamment la hausse des taux d’emprunts immobiliers à leur plus haut niveau depuis 2013. Les dernières déclarations de Jerome Powell confirment en outre que la Fed vise bien des conditions financières plus restrictives et qu’elle serait prête à tolérer « un peu plus de douleur » économique et financière afin d’atteindre son objectif de réduire l’inflation. Suivant cette logique, les marchés financiers ont commencé à anticiper un ralentissement marqué de l’activité, avec une correction importante des marchés actions et une baisse des taux souverains au cours des dernières semaines.
Nous estimons cependant que la croissance américaine devrait rester positive au cours des trimestres à venir. En premier lieu, l’important surplus d’épargne accumulé par les ménages en 2020 et 2021 (environ 12 points de PIB pour l’épargne liquide) devrait maintenir leur consommation malgré la perte de pouvoir d’achat liée à l’inflation (graphique 1). La diminution de l’endettement des ménages, avec des faibles ratios de service de la dette, devrait aussi permettre aux ménages de faire face à des conditions financières moins accommodantes. En deuxième lieu, le marché de l’emploi reste très dynamique (graphique 2). Le niveau d’emploi a retrouvé son niveau d’avant crise, y compris dans le secteur des services, le taux de participation continue à s’améliorer et le nombre de d’offres d’emplois reste très élevé. Ainsi, cette très bonne dynamique du marché de l’emploi devrait soutenir la croissance en 2022. En troisième lieu, l’économie continue de bénéficier d’une dynamique post-Covid, avec un acquis de croissance important et la poursuite du rééquilibrage « consommation-services ». La normalisation des conditions sanitaires devrait continuer de soutenir la reprise de la consommation des services (65% de la consommation totale, 40% du PIB) et donc la croissance économique.
Les risques sont plus importants en revanche en 2023, notamment en cas d’une inflation qui ne converge pas assez rapidement vers la cible d’inflation. Dans ce cas, qui reste pour l’heure un scénario de stress, il est très probable que la Fed poursuive les hausses de taux pour ramener les conditions financières en territoire plus restrictif. Dans un contexte de politique budgétaire aussi plus restrictive et de la fin de l’élan de la reprise Covid, cela pourrait alors se traduire par une contraction de l’économie américaine.
Dans les événements marquants de la semaine, nous avons choisi d'évoquer les perspectives de hausse de taux en Zone euro et l'indice Nasdaq aux Etats-Unis.