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Focus Stratégie - Elections Européennes - Et si elles pouvaient être un véritable game-changer ?
L’écart de croissance économique entre les Etats-Unis et la zone euro a été abondamment commenté. Et, s’il est vrai que l’activité aux Etats-Unis sera bien plus vigoureuse qu’en zone euro en 2024 (2,7% contre 0,8% selon le FMI), il faut en relativiser la portée. D’une part, une bonne partie de l’écart s’explique par la démographie – la croissance de la population américaine est plus de deux fois celle de la zone euro (0,5% contre 0,2%). L’écart de croissance par tête est ainsi moins marqué, mais toujours conséquent (2,2% contre 0,6%). De plus, l’économie de la zone euro, qui avait déjà plus souffert du Covid, a dû faire face à une envolée du prix du gaz suite à l’invasion de l’Ukraine par la Russie – choc que les Etats-Unis ont moins subi. En prenant en compte ces deux effets, le bilan économique récent de la zone euro n’est pas si négatif.
Le cœur du problème réside moins dans les perspectives de court-terme que dans celles de moyen/long-terme, ce que les économistes appellent la croissance potentielle. La faible démographie combinée aux maigres gains de productivité devrait maintenir la croissance sur un rythme lent en zone euro à l’inverse des Etats-Unis. Ce sont clairement ces questions-là qui seront au cœur de l’élection au Parlement européen des 6 au 9 juin : comment à la fois dynamiser la croissance de moyen-terme et répondre aux défis climatiques et démographiques sans dégrader les finances publiques.
Souvent oubliées ou minorées, ces élections seront ainsi importantes pour l’Union Européenne (UE), compte tenu des nombreux sujets brûlants qui attendent le nouveau Parlement et la nouvelle Commission européenne qui en découlera.
Dans ce document, nous analysons dans un premier temps, l’importance du Parlement européen, le rapport des forces entre les différents groupes politiques et ce que prédisent les sondages. Ces derniers apparaissent moins fiables que pour les élections nationales, du fait du manque d’intérêt des électeurs. Certains enseignements peuvent néanmoins en être tirés : un virage à droite du Parlement semble très probable, avec une nouvelle poussée des extrêmes, mais la coalition sortante (centre droite, centre-gauche et libéraux) devrait conserver la majorité (bien qu’amoindrie).
Dans un deuxième temps, nous nous attardons sur les défis économiques qui attendent le nouveau Parlement (faiblesse de la productivité notamment) puis établissons une liste (non-exhaustive) des projets qui seront à l’agenda du Parlement et de la Commission (refonte du marché unique, finaliser l’architecture européenne, autonomie stratégique, etc.).