
L'automobile de collection
Le marché de l’automobile de collection a profondément évolué en cinquante ans, accélérant sa mutation ces cinq dernières années.
Pierre Novikoff, Vice-Président de Artcurial Motorcars, nous éclaire sur cet univers de passionnés marqué par l’émergence d’un nouveau profil de collectionneurs dans un contexte géographique et économique changeant.
Propos recueillis par Laurent Issaurat, Responsable du service Art Banking au sein de Société Générale Private Banking.
Qu’entend-on exactement par “voiture de collection” aujourd’hui ?
Pierre Novikoff : Historiquement, une voiture était considérée de collection dès lors qu’elle avait plus de trente ans. Mais cette définition a évolué : cette dénomination peut désormais concerner une voiture moderne mais produite en édition limitée ou encore une voiture de course avec un palmarès significatif quelle que soit l’âge de la voiture.
Comment s’est structuré le marché des voitures de collection ?
P.N. : Les premières ventes de voitures de collection ont été organisées en France dans les années 75. Après une bulle spéculative à la fin des années 1980, c’est en 2015 que ce marché explose véritablement avec la génération des babyboomers qui devient collectionneuse, acquérant majoritairement des voitures des années 50 et 60. Puis l’épidémie de Covid en 2020 marque un tournant dans un marché dont la dynamique varie selon les générations de voitures.
Quelles sont justement les tendances actuelles du marché ?
P.N. : Les voitures datant d’avant la seconde guerre mondiale sont encore recherchées quand elles sont signées de grands carrossiers ou de compétition, contrairement à celles des années 50 dont le marché est baissier ou celles des années 60 et 70 qui est relativement stable.
En revanche, la tendance est très positive pour les voitures fabriquées à partir des années 80/90. Ce marché est animé par de nouveaux acquéreurs qui privilégient un regard de collectionneurs sur les voitures récentes plutôt que d’utilisateurs. Des modèles tels que la Ferrari Modena Challenge Stradale ou BMW Z8 sont très recherchés alors qu’elles ont moins d’une vingtaine d’années.
Les “supercars” occupent-elles une place particulière ?
P.N. : Absolument. Les « supercar » ou même « hypercars » sont des modèles très récents – moins de dix ans - qui sont les plus extrêmes d’une marque. La « supercar » concentre l’ensemble du savoir-faire technologique d’une marque et pourra représenter un coût jusqu’à dix fois supérieur à celui d’un modèle classique. Le constructeur y développe des solutions techniques de pointe, puisée par exemple, dans celle de la Formule 1 pour Ferrari ou McLaren ou dans les courses d’Endurance pour Porsche.
Le phénomène des « supercars » s’étend également à des constructeurs plus confidentiels comme Pagani en Italie, Koenigsegg en Suède ou encore Bugatti en France qui se concentrent uniquement sur ce marché de l’hyperluxe où les voitures se vendent entre 3 et 5 millions d’euros.
Ces modèles sont particulièrement populaires auprès de jeunes collectionneurs attirés par la dimension très spectaculaire de ces voitures qu’ils découvrent sur les réseaux sociaux.

Dans quels pays le marché de l’automobile de collection est-il le plus dynamique ?
P.N. : En Europe, le Brexit a renforcé la position de la France, qui est devenue une grande place du marché de l’automobile de collection, aux côtés de l’Angleterre et de Monaco. Le salon Rétromobile, dont la 50e édition aura lieu fin janvier dans la capitale parisienne, est un rendez-vous incontournable pour les collectionneurs.
Le marché principal reste toutefois les Etats-Unis. Après le marché britannique, on observe également une isolation des marchés outre-Atlantique. Les acquéreurs américains modifient leurs habitudes face à l’incertitude des tarifs douaniers et au vide juridique actuel sur l’importation de voitures de collection, délaissant le marché européen au profit des Etats-Unis. Ils se concentrent également davantage sur les « supercars » très récentes.
Comment se définit aujourd’hui la valeur d’une voiture de collection ?
P.N. : Plusieurs critères entrent en jeu : tout d’abord la marque. On constate d’ailleurs que le fait qu’une marque soit encore très active aujourd’hui, comme Porsche, Ferrari ou Lamborghini, soutiendra la valeur de ses modèles anciens. Le nombre d’exemplaires produits est bien entendu à prendre en compte et les séries limitées sont de plus en plus recherchées. Enfin, la provenance est très importante : la voiture étant par définition un objet de duplication, c’est son histoire – l’achat par une personnalité connue par exemple – qui accroitra son intérêt.
Enfin pour les voitures de course, le palmarès entre également en jeu : la valeur ne sera pas la même selon que la voiture a participé ou non à une course ou selon son classement. Une voiture qui a gagné les 24h du Mans se vendra au moins le double d’une voiture ayant seulement participé.
Y-a-t-il un prix d’entrée et quels conseils pouvez-vous donner à de futurs collectionneurs ?
P.N. : Contrairement aux idées reçues, et c’est cela qui est très enthousiasment, il est possible de démarrer une collection avec quelques milliers d’euros. Les premières Twingo ou Clio Williams qui ont marqué leurs générations sont devenues des voitures de collection dont la valeur ne cesse d’augmenter mais qui reste abordable.
Dans tous les cas, avant tout achat, j’invite à réfléchir à son utilisation : souhaite-t-on participer à des concours d’élégance, des rallyes, à en faire un usage régulier ? Il faut également faire très attention au prix : derrière un montant très bas peuvent se cacher des coûts très élevés de rénovation. C’est donc l’état général de la voiture qu’il faut vraiment privilégier. Une voiture est un objet complexe qu’il faut entretenir et qui nécessite une utilisation régulière, il faut donc choisir une voiture qui vous attire avant tout et en rapport avec l’utilisation que vous souhaitez en faire !
Pour conclure, quelles sont pour vous les voitures mythiques qui ont marqué l’histoire ?
P.N. : La Mercedes 300 SL Papillon où la fonction a imposé la forme - les portières papillon ayant été imaginés pour s’adapter au châssis tubulaire - a marqué les années 50. Je pense ensuite aux séries DB4, DB5 d’Aston Martin immortalisées par James Bond dans les années 60. Enfin, la Ferrari Testarossa dévoilée en 1984 est un jalon dans l’histoire du design. Icône de son époque, son dessin a véritablement changé le regard des passionnés comme des néophytes sur l’automobile !

Pierre Novikoff
Vice-président d’Artcurial Motorcars, Pierre Novikoff est une figure reconnue des grandes ventes automobiles comme Rétromobile ou Le Mans Classic. Passionné d’automobiles et d’histoire de l’art, il considère son métier comme un véritable mode de vie. .
Aux côtés de Matthieu Lamoure, Président d’Artcurial Motorcars, il a contribué à faire du département une référence internationale depuis sa création en 2010, signant des ventes emblématiques telles que la collection Baillon, la Ferrari 335 Sport Scaglietti de la collection Bardinon (32 M€), la collection Étienne Léandri ou encore la Collection W (30 M€ en 2024).
Toujours guidé par la passion et l’expertise, Pierre Novikoff explore des collections exceptionnelles, échange avec les acteurs de ce patrimoine unique et participe régulièrement à des rallyes, au volant d’automobiles anciennes comme modernes.
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