
Weekly Update - Métaux précieux : un contexte qui resterait favorable
Dans un contexte de taux réels volatils, d’incertitudes géopolitiques persistantes et de recomposition des équilibres monétaires mondiaux, les métaux précieux retrouvent une place centrale dans les stratégies d’allocation. L’or, en particulier, enchaîne les records, tandis que l’argent, souvent plus cyclique, bénéficie d’un regain d’intérêt plus récent. Ces dynamiques haussières (+48% pour l’or et +62% pour l’argent depuis le début de l’année) sont loin d’être purement spéculatives. Elles s’appuient sur des facteurs que nous jugeons structurellement porteurs, et qui pourraient continuer à soutenir les cours dans les mois à venir.
L’or : un actif refuge qui s’adapte à son époque. Le prix de l’or a franchi de nouveaux sommets en 2024 et 2025, dépassant les 3 800 dollars l’once à l’été, porté par une combinaison de facteurs structurels et conjoncturels. Historiquement perçu comme une valeur refuge en période de volatilité financière et d’inflation élevée, l’or bénéficie aujourd’hui d’un ensemble de soutiens.
D’abord, la demande des banques centrales reste un moteur puissant. Selon les données du FMI, les achats nets des banques centrales atteignent des niveaux records, notamment tirés par des pays émergents cherchant à diversifier leurs réserves hors dollar. Cette tendance, amorcée après la crise de 2008, s’est accélérée avec les sanctions financières imposées à la Russie, qui ont mis en lumière les risques associés à la détention de réserves en devises occidentales. L’or, actif sans risque de contrepartie et très liquide, apparaît comme une alternative stratégique.
Sur le plan macroéconomique, la détente des taux réels – notamment vraie aux Etats-Unis - constitue un facteur de soutien supplémentaire. Alors que la Fed reprend son cycle d’assouplissement monétaire, les rendements réels des obligations souveraines se replient, réduisant le coût d’opportunité de la détention d’or. Ce phénomène est d’autant plus marqué que les anticipations d’inflation restent à un niveau plus élevé que par le passé. Ainsi, la demande d’investissement reste soutenue, malgré la concurrence des actifs rémunérateurs. Les ETF adossés à l’or ont de nouveau connu des flux positifs depuis le début d’année 2025.
Les tensions géopolitiques importantes et les inquiétudes sur la soutenabilité des dettes publiques dans plusieurs économies avancées renforcent l’attrait de l’or comme couverture.
Enfin, l’offre d’or reste structurellement contrainte. On estime que l’ensemble de l’or extrait dans le monde tiendrait dans un peu plus de trois piscines olympiques — une image saisissante qui illustre la rareté physique de ce métal. Parallèlement, les coûts d’extraction continuent de croître, les gisements de qualité se raréfient, et les investissements dans de nouveaux projets miniers peinent à suivre, freinés par des contraintes environnementales, réglementaires et financières. Cette tension persistante sur l’offre contribue à renforcer la dynamique haussière des prix. À moyen terme, la combinaison d’une demande structurellement forte (banques centrales, investisseurs institutionnels) et d’une offre limitée milite pour un maintien des cours à des niveaux élevés, voire une poursuite de la hausse si les incertitudes géopolitiques et monétaires persistent.
L’argent : entre métal précieux et métal industriel. Moins médiatisé que l’or, l’argent connaît lui aussi une dynamique positive, avec des cours qui ont franchi les 30 dollars l’once en 2025, un plus haut depuis plus de dix ans. Sa double nature – à la fois actif refuge et composant industriel – en fait un métal particulièrement sensible aux cycles économiques et aux innovations technologiques.
Du côté de la demande, l’essor des technologies vertes joue un rôle central. L’argent est un composant clé des panneaux photovoltaïques, et la transition énergétique mondiale dope les besoins en métal. Selon les projections de l’International Energy Agency, la demande d’argent pour le solaire pourrait doubler d’ici 2030. À cela s’ajoute l’utilisation croissante dans l’électronique, les batteries et les applications médicales. Sur le plan financier, l’argent bénéficie par ricochet de la dynamique de l’or. Les investisseurs en recherche d’une diversification au sein des métaux précieux se tournent aujourd’hui vers l’argent : le ratio des cours or/argent apparait en effet historiquement élevé et suggère un potentiel de rattrapage.
Là encore, l’offre peine à suivre. Les mines d’argent sont souvent des sous-produits d’autres métaux (cuivre, zinc), ce qui limite la capacité d’ajustement rapide à la hausse des prix. Cette rigidité de l’offre, combinée à une demande structurellement croissante, soutient les perspectives haussières.
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