
Weekly Update - Inflation aux Etats-Unis : pas d’effet des tarifs… pour le moment
Au mois de mai, l’inflation américaine poursuit sa détente vers la cible de 2% de la Réserve fédérale. Cette nouvelle baisse étonne dans un contexte de hausse des droits de douane et de nette remontée des anticipations inflationnistes de la part des entreprises et des ménages. Plusieurs facteurs expliquent cependant ce chiffre : un comportement de déstockage des entreprises, un certain attentisme face aux incertitudes sur le niveau final des tarifs et une désinflation plus forte qu’anticipée dans certains services. Au total, nous estimons que les risques sur l’inflation restent haussiers et devraient encourager la banque centrale à garder inchangée sa politique monétaire en juin.
Des tarifs absents de l’inflation de mai. Les chiffres d’inflation aux États-Unis continuent de montrer une normalisation vers la cible de 2% de la Réserve fédérale (Fed) et ce malgré la hausse des droits de douane en avril. En effet, l’inflation est ressortie à 2,4% au mois de mai contre 3% en début d’année alors que l’inflation sous-jacente (hors prix de l’alimentation et énergie) s’élève à 2,8% contre 3,3% en janvier. La dynamique mensuelle des prix est aussi favorable, avec une moyenne sur les 3 derniers mois compatible avec un rythme d’inflation annuelle de 2%. Cette désinflation s’explique avant tout par la poursuite du ralentissement de l’inflation des loyers, première pondération de l’indice des prix, qui atteint 3,9% sur un an contre 4,5% en début d’année. L’inflation des biens durables, composante la plus touchée par les hausses des droits de douane, reste bien orientée, avec des prix stables sur un an et des progressions modestes en rythme mensuel. Emblématiques de l’absence d’effet des tarifs, les voitures n’affichent qu’une inflation de 0,4% au mois de mai alors que les importations sont dorénavant soumises à des droits de douane de 25%. Les seuls éléments où les nouveaux tarifs sont visibles sont les appareils électroniques et les jouets
Un frontloading et un ralentissement économique qui modèrent l’effet des tarifs. L’absence d’effets de la hausse des droits de douane sur l’inflation peut étonner, d’autant plus que l’ensemble des enquêtes auprès des entreprises comme l’ISM PMI manufacturier indiquent de fortes pressions inflationnistes. La composante prix de ce dernier est à son plus haut niveau depuis 2022. Une des premières raisons de l’absence d’effet inflationniste est le déstockage. En effet, les entreprises sont en train de diminuer leurs inventaires importants accumulés en anticipation des tarifs, ce qui leur permet pour le moment de limiter la hausse des prix de vente. Une deuxième raison serait la forte incertitude sur la politique commerciale américaine, tant sur l’ampleur des biens visés que sur le taux effectif final. Les entreprises auraient ainsi été incitées à retarder la transmission de la hausse des tarifs aux prix, en attendant d’y voir plus clair sur les droits de douane stabilisés. Un troisième élément qui explique la faiblesse de l’inflation est que les prix de certains services sont en nette baisse. Cette diminution serait liée à une modération de la demande dans un contexte de ralentissement du marché de l’emploi. Au total, on peut s’attendre à des chiffres d’inflation plus élevés dans les mois à venir une fois le cycle de stockage fini et les taux de droits de douane définitifs fixés.
La Fed maintiendrait une tonalité prudente dans un contexte de maintien des incertitudes. Les derniers chiffres d’inflation ne devraient pas changer la tonalité prudente de l’autorité monétaire américaine. Nous continuons de tabler sur un maintien de la fourchette des taux Fed funds à 4,25%-4,50% au cours des prochains avec un biais toujours prudent, avec une baisse seulement en toute fin d’année. En effet, les anticipations d’inflation des entreprises et ménages restent très élevées alors que l’effet du déstockage devrait s’amenuiser, ce qui devrait faire augmenter l’inflation. Par ailleurs, même si l’activité économique a ralenti par rapport au niveau très soutenu de 2024, la croissance et le marché du travail restent résilients ce qui devrait permettre à la Fed de maintenir le statu quo dans son objectif de plein emploi et d’inflation stable.
Autres faits marquants de la semaine
Dans les événements marquants de la semaine, nous avons choisi d'évoquer l’attaque israélienne contre l’Iran et la baisse modérée des spreads souverains en Europe.
Le pétrole et l’or en forte hausse après les frappes Israélienne contre l’Iran.
Vendredi 13 juin, aux alentours de minuit, Israël a déclenché une attaque contre l’Iran, entrainant immédiatement une hausse du prix de pétrole. Le cours du Brent est ainsi passé de 70 dollars le baril à 78,5 dollars, avant de redescendre à 74,5 dollars quand il est apparu que Israël ne ciblait pas les infrastructures pétrolières iraniennes. Les investisseurs s’inquiètent toutefois que le conflit n’entraine le blocage du détroit d’Ormuz. C’est par ce passage au sud de l’Iran que transite une partie importante du pétrole mondial, en provenance d’Arabie Saoudite, d’Iran, d’Irak, des Émirats Arabes Unis et du Koweït. Hormis le mouvement observé sur le pétrole, les marchés financiers montrent des réactions très modérées à ce stade. L’or a progressé de 1,5% vendredi à la mi-journée, dépassant 3430 $ l’once. L’euro-dollar est resté stable après un léger soubresaut.
Baisse modérée des spreads souverains en Europe
Les primes de risques des principaux pays européens (France, Italie, Espagne) apparaissent en baisse depuis la mi-avril. En Allemagne, la perspective d’une émission massive pour financer les plans de relance a freiné la transmission de la baisse des taux courts décidée par la BCE vers les taux longs, comparativement aux autres pays européens. Dans le même temps, les pays du sud enregistrent de bonnes performances. L’Italie est parvenue à dégager un excédent budgétaire primaire au T4 2024. Cette consolidation budgétaire se ressent sur son spread qui se situe désormais à 90 points de base contre 130 en avril. Du côté de l’Espagne, la forte croissance de 2,3% en 2024 permet au pays d’afficher un spread de 60 points. Enfin, la France a également bénéficier d’une baisse de son spread, passant de 81 points de base mi-avril à 71 aujourd’hui.
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