
Weekly Update - Europe : des politiques économiques en soutien
L’Europe fait face à un contexte d’incertitudes économiques élevées notamment sur le front du commerce mondial. Des politiques de soutien ont cependant été décidées, certaines sont déjà actives. Si le total des programmes apparaît massif, l’impact économique reste difficile à évaluer, notamment du fait des recoupements et interactions entre les différents programmes. L’anticipation de ces politiques contribue à la nette surperformance des marchés actions européens depuis le début de l’année.
Next Generation Europe : il reste la moitié des capacités ! Le programme NextGenEU a été adopté en mars 2021, en réponse à la crise du Covid. Il se composait de 650 milliards d’euros de financements de projets d’ici à fin 2026, la moitié sous forme de subventions, financées par un emprunt de la Commission Européenne, et le restant sous forme de prêts que les Etats membres devront rembourser. Si ce programme a clairement soutenu la reprise de certains pays (l’Espagne et l’Italie notamment), seulement une petite moitié du montant a été utilisée à ce jour. Il reste ainsi 340 milliards d’euros de capacités, actionnables d’ici fin 2026.
Rearm Europe : potentiellement 800 milliards d’euros d’ici 2030, pour s’aligner avec les objectifs de l’OTAN. L’Europe vient d’approuver le financement de dépenses de défense sur le budget Européen pour un montant de 150 milliards d'euros, avec la condition que ces montants soient dépensés pour des produits dont au moins 65% des composants viennent d’Europe. De plus, le programme ReArm Europe prévoit un assouplissement des critères de Maastricht pour les dépenses de défense des états membres, pour un montant total de 650 milliards. L’usage de cette enveloppe reste cependant incertain car les pays les plus endettés pourraient être réticents à augmenter leur recours à des financements obligataires dans un contexte de taux d’intérêt élevés. Une partie de l’augmentation des dépenses de défense pourrait ainsi se faire par substitution à d’autres dépenses et aurait un impact limité sur l’activité économique.
Le « quoiqu'il en coûte » allemand. La nouvelle coalition allemande est en cours de validation d’un dispositif de soutien massif en deux pans : (i) la création d’un fonds spécial de 500 milliards d’euros pour dépenses en infrastructures notamment pour les 12 prochaines années et (ii) une réforme du « frein à la dette » qui limitait jusqu’à présent le déficit annuel de l'Etat fédéral. Désormais, les dépenses de défense au-delà de 1% du PIB seront exemptées du mécanisme et les länder pourront aussi s’endetter. Ce deuxième pan pourrait totaliser 1000 milliards d’euros de dépenses supplémentaires sur la même période. Les dépenses de défense étant une part significative du plan allemand, on peut ainsi noter qu’une partie de ce plan est aussi comptabilisé dans le plan Rearm Europe. Par ailleurs, si les montants de dépense pour l’Allemagne sont massifs, des questions se posent sur l’ajustement des capacités de production. Ce qui pourrait modérer l’impact favorable sur la croissance.
Une politique monétaire plus accommodante. La nette détente de l’inflation depuis le pic du Covid a permis à la Banque Centrale Européenne de diminuer son taux directeur de 4% à 2,25%, offrant un soutien aux économies. La BCE devrait poursuivre cet assouplissement dans les mois à venir. Pour autant le caractère accommodant de la politique monétaire est modéré par la mise en place des plans de soutiens budgétaires. En effet, ces plans généreront d’importants besoins d’émissions obligataires qui maintiennent des pressions haussières sur les taux d’intérêt de long terme. En outre, ces plans de soutien pourraient générer des tensions sur les perspectives d’inflation à moyen terme et inciter la BCE à être plus prudente.
Autres faits marquants de la semaine
Dans les événements marquants de la semaine, nous avons choisi d'évoquer aux États-Unis le vote du budget et les enquêtes des indices PMI aux États-Unis et en Europe.
Etats-Unis : « One Big Beautifull Bill »
La proposition de budget de Donald Trump a été adoptée par la Chambre des représentants, à 215 voix contre 214. Cette proposition appelée « one big beautiful bill » par le Président intègre le prolongement de réductions et crédits d'impôts mis en place lors du premier mandat de D. Trump et prévoit des réductions de certains programmes, tels que l'assurance santé Medicaid ou encore des soutiens aux énergies propres issues de l’Inflation Reduction Act. Afin d’être entérinée, cette proposition doit encore être adoptée par le Sénat. L'approbation par le Sénat n’est cependant pas acquise Les mesures pourraient avoir des impacts sur des circonscriptions républicaines, et ce alors que le Grand Old party ne dispose que d'une courte majorité à la chambre haute. Le Committee for a Responsible Federal Budget (Comité pour un budget fédéral responsable), un organisme non partisan, estime que ce budget augmenterait la dette fédérale américaine de plus de 3,3 milles milliards de dollars au cours de la prochaine décennie,. La dette passerait d'environ 98 % du PIB à un niveau record de 125 %. Cette perspective a encouragé Moody’s à dégrader d’un cran la dette publique du pays, elle était la dernière des trois principales agences à accorder la note maximale de AAA. Dans ce contexte de discussions budgétaires, les marchés financiers ont connu des turbulences, avec de nouvelles tensions sur les taux (le taux à 10 ans américain à 4,5% et taux à 30 ans à plus de 5%). Les marchés actions ont baissé sur la semaine, -1% pour l’indice S&P500, ainsi que le dollar (euro/doll à 1,13).
Signaux opposés sur le climat des affaires
Aux Etats-Unis, les indices PMI de mai sont ressortis audessus des attentes tant pour les services que pour le segment manufacturier (à 52,3 pour les deux), soutenus par la demande domestique, une dynamique qui reste au moins en partie due à l’anticipation de futures hausses de prix. En parallèle, la composante des prix payés par les entreprises augmente très sensiblement. En zone euro, au contraire, les indices PMI de mai ont déçu les attentes. L’indice composite est ressorti en territoire de contraction (à 49,5 vs 50,4 en avril), surtout pénalisé par la composante des services, tandis que le segment manufacturier apparaît plus résilient. En revanche, l’enquête ne montre plus aucune tension sur les prix, laissant la place à davantage d’assouplissement de la part de la Banque Centrale Européenne.
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