
Weekly Update - La Banque Centrale Européenne en position d'attente
La Banque Centrale Européenne (BCE) vient d’annoncer le maintien de ses taux d’intérêt à un niveau inchangé, après sept baisses consécutives lors des précédents comités. Durant la conférence de presse, Christine Lagarde a confirmé que l’orientation actuelle de la politique monétaire reste cohérente avec l’objectif de maintenir l’inflation autour de 2 % à moyen terme. Ce statu quo pourrait toutefois s’avérer difficile à tenir dans les prochains mois, dans un contexte économique encore modéré et alors que l’inflation pourrait reculer davantage à court terme, notamment sous l’effet de l’appréciation de l’euro et de la baisse des prix du pétrole.
Un statu quo qui pourrait ne pas durer. La BCE marque ainsi une pause dans son cycle de baisse des taux directeurs de très court terme. Le taux de dépôt est passé de 4 % à 2 % en un peu plus d’un an, traduisant la normalisation de la politique monétaire après le choc inflationniste de 2022-2023. Aujourd’hui, la BCE estime que le niveau actuel de ses taux est approprié pour atteindre son objectif d’inflation à moyen terme. Christine Lagarde adopte néanmoins une communication pragmatique, soulignant que les décisions futures seront prises à chaque comité, en fonction des données économiques disponibles. Plusieurs facteurs pourraient toutefois inciter la BCE à reprendre ses baisses de taux d’ici la fin de l’année
Facteur #1 : un contexte conjoncturel toujours modéré. Le premier élément susceptible de modifier l’appréciation de la BCE est l’incertitude persistante sur la conjoncture, perceptible dans les indicateurs économiques. Si la croissance s’est montrée robuste au premier trimestre en zone euro, cela s’explique principalement par des anticipations de hausse des droits de douane américains, un effet qui devrait se dissiper par la suite. Par ailleurs, un accord sur le niveau des tarifs douaniers avec les États-Unis serait en cours de négociation, avec un taux envisagé à 15 % – hors exceptions sectorielles – et sans mesures de représailles de la part de l’Europe. Si la confirmation d’un tel accord réduirait les incertitudes, il pèserait néanmoins sur les perspectives d’exportations vers les États-Unis. Enfin, bien que les plans de relance dans la défense et les infrastructures, notamment en Allemagne, devraient soutenir la croissance de la zone euro, leurs effets ne se feront sentir qu’à partir de 2026.
Facteur #2 : Une inflation susceptible de passer sous la cible à court terme. L’inflation s’est établie à 2 % en juin, en parfaite adéquation avec la cible de la BCE. Toutefois, les prochains mois pourraient voir l’inflation reculer nettement. Du côté des services, la normalisation devrait se poursuivre, portée par une détente progressive des salaires. Parallèlement, l’appréciation de l’euro et la baisse des prix du pétrole accentueraient les pressions baissières sur les prix des biens importés et de l’énergie.
Facteur #3 : Une transmission incomplète de la baisse des taux au crédit bancaire. Le crédit bancaire demeure l’un des principaux canaux de transmission de la politique monétaire en zone euro. Or, si l’activité de crédit s’est redressée depuis le début de l’année, elle reste nettement inférieure à son niveau d’avant la crise sanitaire. En effet, malgré la baisse marquée des taux de court terme par la BCE, les taux de crédit à plus long terme demeurent élevés, ce qui limite la transmission de la détente monétaire à l’économie réelle.
Vers une reprise des baisses de taux d’ici la fin de l’année ? Si Christine Lagarde a affiché une position ferme quant à l’adéquation de la politique monétaire actuelle, les facteurs évoqués – fragilité conjoncturelle, possible repli de l’inflation et transmission partielle de la baisse des taux – pourraient conduire la BCE à reprendre ses baisses de taux d’ici la fin de l’année. Nous continuons ainsi de tabler sur une reprise des baisses d’ici la fin d’année.
Autres faits marquants de la semaine
Dans les événements marquants de la semaine, nous avons choisi d'évoquer l’accord tarifaire entre les Etats-Unis et le Japon, les chiffres PMI aux USA et en zone euro ainsi que la prochaine décision de politique monétaire de la FED.
États-Unis – Japon : Un compromis tarifaire à 15%
Le président Donald Trump a annoncé la conclusion d’un accord commercial avec le Japon. Celui-ci prévoit que les droits de douane sur la plupart des biens japonais importés aux États-Unis seront de 15%, alors qu’une taxation de 25% était envisagée. Les automobiles japonaises bénéficieront également de ce taux réduit, un motif de satisfaction pour Tokyo qui a exporté pour 40Mds de dollars de voitures aux Etats-Unis en 2024. Pour rappel, depuis le 3 avril, les véhicules importés du monde entier sont soumis à une surtaxe de 25% à l’entrée du marché américain (avec des exceptions pour le Mexique et le Canada). En revanche, la taxe de 50% sur l’acier et l’aluminium est maintenue. Les surtaxes décidées par l’administration Trump ont fait passer le taux moyen effectif de droit de douane prélevés sur les biens japonais importés aux Etats-Unis de 1,56% en décembre 2024 à 14% en mai 2025.
PMI flash en expansion aux États-Unis et dans la Zone Euro
Le PMI composite des États-Unis de S&P Global a nettement augmenté, passant de 52,9 en juin à 54,6 en juillet, selon la lecture 'flash' (basée sur environ 85 % des réponses habituelle). En Zone euro, le PMI flash composite de HCOB se situe à 51, soit également en zone d’expansion, fixée à 50. Dans le détail, l’indice PMI services des deux zones se situe en expansion avec 55,2 aux Etats-Unis et 51 en Zone Euro, tandis que le PMI manufacturier est en zone de contraction à 49,5 aux Etats-Unis et 49,8 en Zone euro.
FED : maintien de la pause avec des baisses progressives à l’automne
Les marchés anticipent un maintien des taux actuelles lors de la prochaine réunion de politique monétaire de la FED le 30 juillet. Deux baisses successives sont cependant attendues en septembre et en décembre, chacune avec une probabilité de 60% dans un contexte de ralentissement de la consommation. Cette année, la Réserve fédérale a maintenu son taux d'intérêt directeur entre 4,25 % et 4,5%, alors que le taux de chômage s’est maintenu autour de 4% depuis le début de l’année.
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