
Les marchés français à nouveau sous pression face à l’incertitude politique
L’annonce d’un prochain vote de confiance par François Bayrou a ravivé le risque politique en France, entraînant de nouvelles turbulences sur les marchés financiers. Pour l’heure, ces tensions restent contenues et principalement circonscrites aux marchés français, mais elles accentuent une sous-performance déjà perceptible depuis la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024.
Une nouvelle séquence d’instabilité politique. Le Premier ministre François Bayrou a annoncé, lundi 25 août, qu’il solliciterait un vote de confiance le 8 septembre devant l’Assemblée nationale, à l’occasion de la présentation de son plan d’économies budgétaires pour 2026. Cette initiative intervient alors que le gouvernement ne dispose pas d’une majorité claire, et que les principaux groupes d’opposition ont d’ores et déjà annoncé leur intention de voter contre. Plusieurs scénarios se dessinent à l’issue du 8 septembre : (i) le maintien du gouvernement actuel en cas de succès – une hypothèse peu probable au vu des positions des oppositions –, (ii) la nomination d’un nouveau Premier ministre, ou (iii) une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale, qui impliquerait la tenue d’élections anticipées avant la formation d’un nouveau gouvernement. Ce vote de confiance s’inscrit ainsi dans la continuité de l’instabilité politique qui prévaut en France depuis juin 2024.
Finances publiques : peu d’espoir de redressement à court terme. La France se distingue de ses voisins par la dégradation de ses finances publiques. Selon la Commission européenne, le déficit public français devrait rester supérieur à 5 % en 2025, contre environ 3 % dans les principales économies de la zone euro. Même hors charge d’intérêts, le déficit primaire demeure nettement plus élevé en France, notamment par rapport à l’Italie, qui affiche désormais un solde primaire positif dès 2024, signe d’efforts budgétaires significatifs. Quel que soit l’issue du vote de confiance du 8 septembre, le climat d’instabilité politique ne semble guère propice à une inflexion notable de la trajectoire budgétaire à l’horizon 2026.
Croissance : un environnement économique et financier peu porteur. La croissance française reste atone, avec une progression cumulée de seulement +1 % depuis janvier 2024, contre une progression de 4% pour l’Espagne tandis que l’Allemagne stagne (0 %). L’incertitude politique continue de peser sur la confiance des ménages et des entreprises, les incitant à privilégier l’épargne au détriment de l’investissement et de la consommation. Par ailleurs, cette instabilité accentue la pression sur les taux de crédit, en raison de la hausse des taux des obligations d’État françaises, ce qui freine davantage les décisions d’investissement.
Des marchés financiers français durablement pénalisés. L’annonce du vote de confiance a provoqué de nouvelles secousses sur les marchés financiers. Le taux à 10 ans des obligations d’État françaises dépasse désormais 3,5 %, creusant l’écart avec les taux allemands. Le CAC 40 a perdu près de 2,8 % cette semaine. À ce stade, ces tensions restent modérées et concentrées sur les marchés français, mais elles aggravent la sousperformance observée depuis la dissolution de l’Assemblée nationale. Depuis le début de l’année, le marché actions français affiche une performance de +5 %, alors que les marchés allemand, italien et espagnol progressent de plus de 40 % (indices larges, dividendes réinvestis). Outre le risque politique, la composition sectorielle du marché français – surpondéré en valeurs du luxe et sous-pondéré en valeurs financières, ces dernières étant les plus performantes depuis le début de l’année – constitue un handicap supplémentaire. Parallèlement, le marché obligataire français enregistre une performance cumulée de +2 % sur la période, nettement inférieure à celle des marchés espagnol et italien (près de +5 % et plus de +7 % respectivement). Cette contre-performance s’explique à la fois par un niveau de taux moins attractif qu’en Italie (effet portage) et par une stabilité des taux d’intérêt, alors qu’ils ont nettement reculé en Espagne et en Italie (effet valeur).
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