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L’agriculture durable trace son sillon

Contributeurs

Patrick Caron

Chercheur au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD) et président d’Agropolis International

Guillaume Gruère

Chef de la division des politiques de l’agriculture et des ressources à la direction du commerce et de l’agriculture de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE)

Yann-Gaël Rio

Directeur des opérations en charge de la transition agricole et alimentaire chez Blunomy, cabinet de conseil en stratégie

Confrontée à un triple défi – mieux nourrir une population mondiale en croissance, assurer la sécurité alimentaire et diminuer ses impacts sur le climat et l’environnement – l’agriculture doit miser sur l’innovation et de nouvelles pratiques durables pour réussir sa transition.

 

Dans le sud de l’Inde, dans l’État de l’Andhra Pradesh, se joue la plus grande conversion agroécologique en cours dans le monde. Encouragés par un programme gouvernemental, près d’un million d’agriculteurs ont déjà adopté cette agriculture fondée sur la diversification des cultures, la couverture du sol, l’usage de biostimulants naturels produits sur place, l’agroforesterie1… À la suite du Sommet sur les systèmes alimentaires des Nations unies en 2021, une coalition internationale pour l’agroécologie a vu le jour, à l’initiative d’une trentaine d’États, dont la France, et quarante organisations. Elle a été suivie d’une autre coalition, qui a réuni treize banques publiques de développement – dont l’AFD française, la KWD allemande, la Banque de développement agricole de la Chine – qui se sont engagées à « financer une agriculture durable et des améliorations environnementales dans les chaînes de valeur ».

Ces initiatives sont révélatrices d’un processus de transition vers une agriculture durable qui s’impose comme un sujet majeur, porté par un nombre croissant d’acteurs publics et privés. Comme le souligne Patrick Caron, chercheur au CIRAD2 et président d’Agropolis International, « la multiplication des dommages environnementaux – dégradation des sols et des terres agricoles, de la qualité des eaux, de la biodiversité, émissions de gaz à effet de serre (GES)3… – et des crises sanitaires, la faiblesse des revenus des agriculteurs ont révélé les limites du modèle agricole développé après la Seconde Guerre mondiale. Ce système était fondé sur la spécialisation, l’utilisation de semences à haut rendement, l’irrigation et le recours à des niveaux élevés d’intrants chimiques ». Quant à la malnutrition, elle n’est pas réglée pour autant : « 800 millions de personnes souffrent de sous-nutrition chronique pour des raisons économiques, sociales ou liées à des conflits alors que la production agricole serait suffisante pour nourrir le monde, précise le chercheur. Deux milliards de personnes sont affectées par des carences en micronutriments et 1,4 milliard par le surpoids et l’obésité, qui devient un problème majeur de santé publique. »

Il faut investir dans l’innovation pour soutenir la productivité dans le respect de l’environnement.
GUILLAUME GRUÈRE

La guerre en Ukraine, qui a entraîné la flambée des prix des matières premières agricoles et des engrais, a mis en lumière le triple défi auquel l’agriculture est confrontée : mieux nourrir une population mondiale en croissance, assurer la sécurité alimentaire tout en diminuant ses impacts sur le climat et l’environnement. Guillaume Gruère, chef de la division des politiques de l’agriculture et des ressources à la direction du commerce et de l’agriculture de l’OCDE4, a observé un réel changement de vision : « Les ministres de l’Agriculture de l’OCDE réunis en novembre 2022 ont défendu des “solutions transformatrices” pour bâtir des systèmes agricoles et alimentaires productifs, soutenables et résilients.
Ces solutions recouvrent une diversité de systèmes agricoles, mais les priorités sont communes : assurer la sécurité alimentaire, relever les défis environnementaux et fournir des moyens de subsistance à tous les agriculteurs. »

Quelles politiques publiques ?

Un pas important reste cependant à franchir pour réussir cette transformation à grande échelle. « Il faudrait être capable de l’orchestrer à différents niveaux, explique Patrick Caron. Au niveau local tout d’abord, en généralisant des pratiques respectueuses de l’environnement, au niveau national ensuite, en luttant contre les pertes et le gaspillage – qui représentent 30 à 50 % des productions agricoles –, en orientant les subventions vers les systèmes alimentaires qui contribuent au développement durable et en déployant des systèmes de paiement pour services environnementaux5. Au niveau international enfin, en repensant les accords commerciaux pour favoriser les bonnes pratiques. »
 

1. L’agroforesterie consiste à planter des arbres dans les terres agricoles à côté des cultures conventionnelles. Elle permet de rétablir l’équilibre écologique des terres agricoles, prévient l’érosion des sols et le ruissellement de l’eau et atténue les conditions météorologiques locales extrêmes.
2. Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement.
3. Le chercheur précise que 80 % de l’érosion de la biodiversité et 30 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) sont liées à l’agriculture ; 70 % de l’usage de l’eau lui est réservé.
4. Organisation de coopération et de développement économiques.

5. Note de la rédaction : il s’agit de favoriser des pratiques agricoles ayant un intérêt écologique (par ex. adopter des techniques culturales sans pesticides et protéger ainsi la ressource en eau) en versant aux agriculteurs des paiements pour services rendus à l’environnement.

Le changement est en marche

1M

En Inde, un million d’agriculteurs ont déjà adopté une agriculture fondée sur l’agroécologie7.

30%

L’agriculture est responsable de 30 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde.

52

milliards de dollars ont été investis dans l’agri-tech au niveau mondial en 2021.

30 à 50%

des productions agricoles sont concernées par les pertes et le gaspillage8.


7. www.cirad.fr
- « Une prospective participative inédite au service de la transition agroécologique indienne ».
8. Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture.

Pourtant, les politiques publiques de soutien agricole constituent encore un frein à la transition verte. « Notre évaluation des politiques agricoles, publiée en 2022, montre que plus de la moitié du soutien alloué à l’agriculture dans les pays de l’OCDE et les puissances émergentes, soit 319 milliards de dollars par an, va potentiellement à l’encontre de la transition vers une agriculture durable. Pour donner à celle-ci une réelle impulsion, il faudrait réorienter ces aides et les cibler pour agir sur la durabilité et le climat », souligne Guillaume Gruère.

Or, comme le note le rapport d’évaluation, bon nombre de mesures de soutien existantes favorisent l’augmentation des émissions de GES… Et, alors même que la baisse de ces dernières marque le pas dans la plupart des 54 pays de l’OCDE6, seuls 16 d’entre eux ont fixé un objectif chiffré de réduction de GES à leur secteur agricole. « Plusieurs leviers peuvent être utilisés pour réduire ces émissions sans nuire à la sécurité alimentaire, explique Guillaume Gruère. Il faudrait notamment abandonner progressivement le soutien des prix de marché et les paiements encourageant la production intensive, créer des outils de tarification des émissions de GES d’origine agricole, stimuler les investissements dans l’innovation et fournir des informations et des incitations aux consommateurs pour mieux orienter leurs choix alimentaires. » En effet, si l’agriculture est responsable de 30 % des émissions de GES dans le monde, sa résilience est elle-même fortement menacée par l’impact croissant du changement climatique. C’est le cas en Europe où, en 2022, plusieurs pays comme la France, l’Allemagne ou encore l’Italie ont vu leur production baisser.
 

6. Les émissions de GES d’origine agricole des 54 pays de l’OCDE représentent 68 % du total de ces émissions au niveau mondial. Environ 70 % sont liées à l’élevage

Quant à la souveraineté alimentaire européenne, elle reste à construire : l’UE importe 11 % des calories et 26 % des protéines qu’elle consomme. Selon le député européen Pascal Canfin, président de la commission Environnement, Santé publique et Sécurité alimentaire du Parlement européen, l’heure est venue d’accélérer la mise en oeuvre du Green Deal européen (voir l’encadré), qui se place dans un objectif de construction de la résilience de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire à dix ans9.

La nouvelle politique agricole commune (PAC) définie pour la période 2023-2027, qui doit se conformer aux ambitions de la stratégie Farm to Fork10, laisse cependant un goût de trop peu à nombre d’observateurs, en dépit des systèmes d’incitation volontaires tels que les éco-régimes11.
« Si la PAC veut accompagner une réelle transformation de l’agriculture, il faudra continuer à engager d’importantes réformes, estime Guillaume Gruère. Sur la dernière décennie, on constate que ses résultats en matière environnementale et climatique ne sont pas à la hauteur de ses ambitions. Les changements ont été trop lents. Là encore, la structure des paiements n’est pas adaptée pour adresser un signal clair aux agriculteurs et il faudrait certainement les baser davantage sur les résultats obtenus en termes de durabilité12. »

L’agroécologie n’est pas un retour vers le passé, c’est une voie d’avenir mobilisant les apports scientifiques.
PATRICK CARON

Des investissements pour innover

« Il faut investir dans l’innovation, qui va s’avérer essentielle pour soutenir la productivité du secteur agricole dans le respect de l’environnement », insiste Guillaume Gruère. Autrement dit, innovations technologiques et changements de pratiques doivent aller de pair. L’agriculture de précision, qui utilise les technologies numériques pour optimiser le recours aux intrants comme les pesticides, les engrais et l’eau, est vue comme une pratique prometteuse. Dans une résolution récente, le Parlement européen souligne la nécessité de rendre ces technologies, aux coûts élevés, accessibles à l’ensemble des exploitations. L’exemple de la start-up française Carbon Bee illustre leur potentiel : son dispositif d’intelligence artificielle (IA) permet de réduire de 80 à 90 % l’usage des produits phytosanitaires13. Les levées de fonds dans l’innovation agricole se sont d’ailleurs accélérées en 2022 – plus de 300 millions d’euros investis dans les start-ups agri-tech françaises –, ce qui témoigne de l’intérêt grandissant des investisseurs. Au niveau mondial, ce sont près de 52 milliards de dollars qui ont été investis dans l’agri-tech en 202114.

Sur le terrain, des agriculteurs et des entreprises défrichent de nouvelles voies. Vingt-six multinationales se sont par exemple engagées, dans le cadre de la coalition OP2B (One Planet Business for Biodiversity), pour agir à l’échelle globale en faveur de l’agriculture régénératrice, axée sur la préservation et la restauration des sols15. Le groupe Danone, qui a investi plus de 40 millions d’euros depuis 2016 dans la transition agricole en France, a lancé l’alliance Farming for Generations (F4G) avec huit acteurs clés de la supply chain16 agricole pour soutenir ce mouvement dans le monde. En 2020, Unilever a investi un milliard d’euros dans le fonds Climate and Nature pour accélérer la transition agricole. Fin 2022, Nestlé s’est engagé à investir plus d’un milliard d’euros d’ici à 2030 pour s’approvisionner en café cultivé de manière durable…

9. « Comment réussir la transition agroécologique ? », Terra Nova, février 2023.
10. Littéralement « de la ferme à la fourchette », de la ferme à la table.
11. L’éco-régime est une nouvelle aide conditionnée aux efforts environnementaux ; elle représente un quart des aides directes aux agriculteurs.
12. Voir le rapport de l’OCDE « Policies for the Future of Farming and Food in the European Union », octobre 2023.
13. Substance ou mélange de substances de nature chimique ou biologique utilisé en agriculture pour protéger les plantes cultivées.
14. Source : https://agfundernews.com/agfunder-agrifoodtech-investment-report-startups-net-52bn-in-2021-doubling-2020-total

15. Lire l’encadré page 32 dans la rubrique « Esprit pionnier ».
16. Chaîne d’approvisionnement.

Zoom

Le Pacte vert européen

Le Pacte vert ou Green Deal, présenté par la Commission européenne en décembre 2019, est la feuille de route environnementale de l’Union européenne (UE). Son ambition principale est que l’Europe atteigne la neutralité climatique en 2050. Afin de concrétiser cet engagement, le Pacte vert se traduit par un ensemble de politiques dans tous les domaines de compétence de l’UE. Plusieurs feuilles de route sectorielles ont ainsi été adoptées.

C’est le cas de la stratégie « De la ferme à la table » ou Farm to Fork, adoptée en 2020 pour bâtir un système alimentaire respectueux de l’environnement. L’Union européenne y fixe pour la première fois des objectifs chiffrés en matière de transition agricole : en particulier, une réduction de 50 % des pesticides, de 20 % des engrais chimiques et que 25 % des surfaces agricoles soient dédiées à l’agriculture biologique d’ici à 2030.

« L’évolution de la réglementation, les attentes sociétales, la nécessité de réduire leur empreinte environnementale et de développer une agriculture plus résiliente au risque climatique sont autant de raisons qui encouragent ces grands groupes à soutenir la transition agricole. Leur action a un effet d’entraînement important sur l’ensemble des acteurs de leur supply chain, explique Yann-Gaël Rio, directeur des opérations en charge de la transition agricole et alimentaire chez Blunomy, cabinet de conseil en stratégie. La transition agricole passe par le changement des modèles d’achat et d’approvisionnement. Il faut recréer de la traçabilité et de la transparence dans la supply chain et mobiliser l’ensemble des acteurs avec des incitations et une meilleure répartition des coûts de la transition. Cette dernière réclame aussi un nouveau business model car les entreprises doivent proposer des contrats longs aux agriculteurs pour les accompagner sur la durée. La gestion du partage des risques, élevés pour un agriculteur qui change de modèle, est également une vraie question. Trop peu de solutions de financement existent sur le marché pour les exploitations agricoles sur la voie la transition. » Le think tank français Agriculture Stratégies17 plaide pour de nouvelles formes de soutien public, comme une assurance économique encourageant les agriculteurs à tester de nouvelles pratiques. De son côté, le groupe Axa a annoncé fin 2022 vouloir développer des solutions d’assurance pour « dérisquer la transition » à travers l’entité Axa Climate, créée en 2019.

Coopérer avec le Sud

Au Nord comme au Sud, c’est tout un écosystème qu’il faut mettre en mouvement pour réussir la transition écologique de l’agriculture. En Amérique latine, en Afrique, en Asie du Sud-Est, dans l’océan Indien, des communautés s’engagent dans des pratiques agroécologiques. « Ces pratiques, qui optimisent des processus naturels écologiques et biologiques, s’appuient sur un savoir-faire paysan dont la recherche s’inspire pour proposer des solutions innovantes, explique Patrick Caron. L’agroécologie n’est pas un retour vers le passé, c’est une voie d’avenir mobilisant les apports scientifiques ! Il n’existe pas de solutions toutes faites et ses principes s’appliquent de différentes manières, en fonction du contexte local. Tout en visant la production de biens publics, elle ne peut se développer que si elle améliore les revenus et donc les conditions de vie des producteurs. »

Si l’évaluation de ces pratiques est complexe, il ressort cependant d’un récent travail de synthèse18, analysant plusieurs milliers d’études agronomiques réparties dans le monde, qu’elles ont des effets bénéfiques sur la production agricole. Ces conséquences se constatent sur la biodiversité associée et sur de nombreux services écosystémiques comme la qualité du sol et de l’eau, les émissions de GES, ou encore le contrôle des maladies. Les chercheurs Daniela Oliveira et Gilles Maréchal19 racontent comment, au Brésil, les connaissances des agriculteurs de la Serra do Rio Grande do Sul engagés dans des pratiques agroécologiques ont produit une série d’innovations diffusées dans le pays et dans le monde comme, par exemple, le biofertilisant Super Magro, utilisé dans de nombreux pays. Les chercheurs soulignent la dimension vertueuse de la certification participative20 des aliments agroécologiques dans cette région, qui associe agriculteurs, techniciens et consommateurs. Ce type de démarche a valeur d’enseignement car elle répond à la nécessité de « recréer un pacte entre agriculteurs et consommateurs en faveur d’une alimentation saine et durable », selon les termes de Patrick Caron.

Les solutions émergentes au Sud pourraient s’avérer déterminantes pour notre avenir commun. « Les stratégies d’adaptation des agricultures africaines qui optent pour une approche agroécologique – avec des productions locales moins demandeuses en intrants, comme le mil et le sorgho, et le recours à des engrais organiques produits localement – méritent d’être soutenues par les acteurs de l’aide au développement et par ceux des filières agroalimentaires », plaident les responsables de la fondation FARM et de l’association AFDI (Agriculteurs français et développement international)21. Car leur passage à l’échelle permettrait de développer des systèmes agricoles durables et une meilleure maîtrise par l’Afrique de sa destinée alimentaire. Cet enjeu est crucial quand on sait que l’essentiel de la croissance démographique à venir se déroulera sur le continent africain.


17. Le think tank Agriculture Stratégies regroupe le monde de la recherche et le monde politique. Il a deux missions principales : une mission institutionnelle pour défendre les intérêts des agriculteurs et une mission de conseil aux entreprises, coopératives et organisations professionnelles.
18. La synthèse de D. Beillouin et al. a exploité les résultats de 95 méta-analyses intégrant 5156 études agronomiques (2021, in Global Change Biology, https://doi.org/10.1111/gcb.15747
).
19. Revue Sesame, INRAE, 9 mars 2023.
20. Dans le cadre du réseau brésilien Ecovida d’agroécologie, la certification a été travaillée comme un processus pédagogique dans lequel les agriculteurs, les techniciens et les consommateurs s’intègrent pour vérifier et garantir la qualité biologique des aliments. Ce processus est appelé certification participative. (Source : Revue Sésame, Inrae, 9 mars 2023).
21. Article de M. Brun, S. Diéval et O. Tayeb Cherif, Les Échos, 13 mars 2023.17. The summary by D. Beillouin et al. examined the results of 95 meta-analyses integrating 5,156 agronomic studies (2021, in Global Change Biology, https://doi.org/10.1111/gcb.15747).

La transition agricole passe par le changement des modèles d’achat et d’approvisionnement.
YANN-GAËL RIO

Texte

Catherine Véglio
Conseillère éditoriale, journaliste, romancière, Catherine Véglio explore les domaines de l’économie, de l’innovation, des sciences, des technologies et leurs relations avec la société.

Illustrations

Matteo Berton
Matteo Berton est un illustrateur italien qui vit à Bologne. Il centre ses recherches sur une synthèse des formes et de la composition. Il a travaillé pour des commandes éditoriales et publicitaires, ainsi que pour des livres.